Tout cabinet doit
obligatoirement disposer d’un stérilisateur performant régulièrement contrôlé et entretenu. Il y a une obligation de résultat en matière de stérilisation.
Le stérilisateur doit faire l’objet d’un contrat de maintenance avec le fournisseur. Il est conseillé de prévoir un contrat de remplacement dans les
24h en cas de panne.
La traçabilité de cette maintenance doit être assurée (articles R. 5212-1 et suivants du Code de la santé publique : classeur , cahier de maintenance).
L’arrêté du 22 juin 2001 relatif aux bonnes pratiques hospitalières interdit l’utilisation de la chaleur sèche en milieu hospitalier.
Il est donc conseillé l’utilisation d’un stérilisateur à vapeur d’eau pouvant réaliser le vide, le séchage, ainsi que la traçabilité des cycles de
stérilisation (imprimante).
Ce type de stérilisateur doit permettre une exposition de 134° à la chaleur humide pendant 18 minutes (prions).
Il est alors dit de « classe B ». Il doit respecter la norme EN 13060 (novembre 2004).
Les stérilisateurs à vapeur chimique ainsi que les stérilisateurs à chaleur sèche (poupinel) sont à prohiber. Ils ne permettent pas une stérilisation
efficace contre les prions. Il est conseillé de consulter les guides établis par la Direction Générale de la Santé et notamment le Guide de bonnes pratiques pour la prévention des infections
liées aux soins réalisés en dehors des établissements de santé.
La stérilisation doit être précédé
-
d’une pré-désinfection
-
d’un nettoyage
-
d’un rinçage
-
d’un séchage parfait.
La traçabilité de cette stérilisation doit être assurée (article L. 5212-1 du codede la santé publique ) par l’utilisation d’un registre spécial qui doit comporter :
-
Ne jamais réutiliser du matériel à usage unique
-
"on ne désinfecte bien ou ne stérilise bien, que ce qui est propre et sec "
-
La stérilisation doit toujours être préférée à la désinfection (réservé à des situations particulières)
-
SEULE la chaleur humide doit être privilégiée
-
Les appareils utilisés doivent être contrôlés régulièrement (contrat d’entretien)
-
La stérilisation doit être tracée
-
Affichage des consignes à suivre
La stérilisation constitue, de nos jours, pour les chirurgiens dentistes comme pour toutes les professions médicales, une obligation incontournable.
Elle a pour objectif de prévenir le risque infectieux, tant pour le patient que pour l'équipe soignante.
Le Chirurgien Dentiste est tenu de maîtriser parfaitement ce sujet et de former son personnel aux différentes techniques de gestion du matériel
opératoire dans ce domaine. C'est le seul moyen d'assurer aux patients toute la sécurité qu'ils sont en droit d'attendre lorsqu'ils subissent un soin au cabinet dentaire.
Le sujet de la stérilisation est difficilement dissociable de celui de l'hygiène du cabinet dentaire dans son ensemble et pour être plus conforme aux
questions soulevées dans cette page, ce chapitre aurait du s'intituler "La chaîne d'asepsie au cabinet dentaire". Nous verrons dans ce chapitre, tous les maillons de la chaîne d'asepsie mis en
place dans un cabinet dentaire idéal, à savoir : la décontamination, le lavage-séchage, le conditionnement, la stérilisation à proprement parler, la traçabilité et le stockage.
La profession privilégie de plus en plus instrumentation et articles à usage unique (essuie mains en papier, gobelets en plastique, pompes à salive,
gants, masques, etc.). Tous ces éléments échappent donc aux règles contraignantes de la chaîne d'asepsie, telle que que nous allons brièvement la décrire, tout en contribuant aux objectifs
sécuritaires d'un cabinet moderne. De même de nouveaux comportements devenus réflexes vont dans le sens d'une amélioration des règles d'hygiène élémentaires. C'est ainsi le cas du port
systématique du masque et des gants lors des séances de soins. Par ailleurs, la profession évolue vers des concepts plaçant l'hygiène au centre des préoccupations. Les exemples allant dans ce
sens sont nombreux : commande de robinet d'eau au pied, crachoir et tablettes aux formes arrondies et sans recoins pour faciliter le nettoyage et éviter les niches bactériennes, mobilier aux
matériaux lisses, revêtements de sols adaptés, etc.
Enfin, pour compléter le tableau, des règles strictes imposent aux Chirurgiens Dentistes la protection de
l'environnement. Ainsi, ils ont pour obligation d'assurer l'élimination des OPTC (objets piquants, tranchants, coupants) et des DASRI (déchets d'activités de soins et risques infectieux) par des
filières spécialisées dans le ramassage et l'incinération des déchets médicaux.
► La décontamination
La décontamination est la première étape de la chaîne d'asepsie. Elle concerne essentiellement le mobilier, les sols et l'instrumentation. Les sols
sont régulièrement nettoyés et désinfectés à l'eau de Javel ; le mobilier dentaire, le plan de travail, le fauteuil, le scialytique et le crachoir sont traités au moyen de lingettes antiseptiques
; l'instrumentation, quant à elle, subit un traitement particulier que nous allons aborder ci-après. La décontamination a pour objectif d'éliminer la majorité des micro-organismes et des
souillures d'origine organique.
Toute l'instrumentation ayant servi à un soin est immédiatement plongée dans un bac contenant une puissante solution désinfectante et elle y
séjournera jusqu'à l'étape suivante, tout en respectant un temps d'immersion minimum de 30 minutes. Dans les cabinets très sensibilisés à la question de l'asepsie, ce bac est enfermé dans un
placard identifié par un néon rouge pour mettre en alerte sur le côté dangereux de son contenu.
Après la décontamination, qui a permis de se débarrasser de la majorité des micro-organismes, les instruments sont
rincés abondamment à l'eau courante. L'étape du nettoyage suit immédiatement ce rinçage. Il a pour but d'éliminer tout dépôt résiduel à la surface des instruments. Selon les instruments
concernés, ce nettoyage peut prendre différentes formes :
- Nettoyage aux ultra-sons dans une cuve. Les ultra-sons ont la particularité de nettoyer en profondeur toute la petite instrumentation présentant des anfractuosités peu accessibles au nettoyage
traditionnel. C'est le cas des fraises et de l'instrumentation canalaire.
- Nettoyage au thermo-désinfecteur : il s'agit d'une sorte de lave-vaisselle à usage professionnel qui évite la corvée du nettoyage manuel et qui, en plus, rince et sèche les instruments de
manière parfaite après le cycle de lavage.
- Nettoyage manuel. C'est le moyen le plus répandu actuellement dans les cabinets dentaires, car il est simple à mettre en œuvre et ne nécessite aucun gros investissement. L'assistante nettoie
chaque instrument manuellement avec une solution détergente spécifique, le rince, puis le sèche
Après la décontamination et le nettoyage, tous les instruments ont été libérés des résidus de surface et de la
quasi-totalité des micro-organismes qu'ils véhiculaient, mais les plus virulents d'entre eux sont toujours présents et, pour cette raison, l'étape de la stérilisation, est loin d'être
facultative.
► Le conditionnement
Même après avoir subi un processus de stérilisation complet, les instruments non préalablement emballés ne sont pas stériles au moment de leur
utilisation, dès lors qu'ils ont été en contact prolongé avec l'air. Ceci explique pourquoi, il est indispensable de les conditionner efficacement pour les protéger de l'environnement jusqu'à
leur utilisation finale. Leur emballage s'effectue au moyen de gaines plastifiées dont la fermeture est assurée par un joint étanche. Les meilleurs joints sont obtenus grâce à des soudeuses
thermiques qui permettent l'obtention de "soudures" de 12 mm aux extrémités de chaque sachet. Cette étape est longue à mettre en œuvre, mais elle est incontournable, surtout pour les instruments
chirurgicaux.
C'est l'étape finale de la chaîne d'asepsie et probablement le maillon le plus faible de cette chaîne. Elle s'effectue
au moyen d'un "autoclave" qui ressemble à une sorte de four sophistiqué, dont le principe est de combiner chaleur (134° C) et pression élevée, pour détruire de manière irréversible toute forme de
vie microbienne (bactéries et virus) à la surface de l'instrumentation. Pour vérifier qu'un cycle de stérilisation s'est effectué dans des conditions de température et de pression conformes aux
besoins, on utilise des indicateurs spécifiques sous forme de strips colorés que l'on place au centre de l'autoclave.
La traçabilité
C'est un procédé encore très peu employé au cabinet dentaire, mais il est probable qu'il devienne obligatoire dans les années à venir. Il s'agit de
la capacité à suivre un instrument donné depuis le moment où il a été stérilisé jusqu'à son utilisation finale.
Les cabinets les plus sensibles à la notion d'asepsie sont déjà équipés d'autoclaves disposant d'un module de traçabilité, afin de pouvoir fournir, à
tout moment, les preuves matérielles que le cycle de stérilisation correspondant aux instruments utilisés pendant tel ou tel soin s'est effectué dans des conditions optimales. En pratique, le
stérilisateur enregistre les paramètres complets de chaque cycle de stérilisation dans un journal consultable sur ordinateur et imprime des étiquettes avec code barre, qu'il suffit de coller sur
chaque sachet après le cycle de stérilisation. Chaque étiquette comporte, en outre une date limite d'utilisation, car il faut savoir que les gaines ne protègent les instruments de l'environnement
extérieur que pendant un mois environ, à cause de microporosités qui peuvent constituer, à la longue, une porte d'entrée pour de nouveaux micro-organismes. Le code barre de chaque sachet ainsi
référencé est ensuite scanné et enregistré sur la fiche du patient après chaque soin, afin d'assurer une véritable traçabilité informatique dans le temps.
Les sachets contenant les instruments stériles sont enfin rangés dans leurs emplacements habituels, en attendant leur
utilisation. Tout comme il existe des zones classées "dangereuses"(septiques), matérialisées par des néons rouges, il existe des zones classées "hautement sécurisées" (stériles), fermées et à
l'abri de la poussière, matérialisées par des néons produisant des UV assurant les meilleures conditions environnementales aux sachets entreposés.